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« De la cartographie à la médecine : Évolution de la carrière du Dr Haider Saeed dans les soins de santé », entretien avec le Dr Haider Saeed

Le parcours professionnel du Dr Haider Saeed mêle intrigues académiques et perspectives pratiques, le guidant de la géographie urbaine aux soins de santé. Passant par l’urbanisme et la santé publique, il s’est ensuite tourné vers la recherche clinique et les études de médecine, tirant les leçons de chaque expérience. Ayant accepté le rôle de directeur du développement des modules, il envisage de combiner l’innovation numérique et les relations personnelles pour façonner l’avenir de la FÉMC, reflétant ainsi son engagement en faveur des soins à la communauté et de la promotion de l’éducation.

Q : Comment votre parcours universitaire, vos expériences professionnelles et vos étapes personnelles ont-ils finalement façonné votre carrière dans les soins de santé?

Depuis mon plus jeune âge, je suis fasciné par les cartes et par la façon dont elles peuvent nous renseigner sur l’environnement qui nous entoure. Enfant, je me souviens d’avoir regardé une carte de ma ville natale pour savoir où se trouvaient tous les terrains de jeux. Mon frère aîné, qui était très artiste, avait peint une carte du monde sur son mur, ce qui a alimenté ma passion pour la géographie.

Au secondaire, mon cours préféré était celui sur les études urbaines, qui explorait la géographie dans le contexte des villes. C’est ainsi que j’ai obtenu un diplôme de premier cycle en géographie urbaine. Malgré cet intérêt, j’ai envisagé une carrière dans la médecine, influencé par ma mère qui était médecin de famille. Je pense que mes deux parents pensaient que je ferais un bon médecin – si je me fie aux inclinations de mes propres enfants, je peux maintenant reconnaître comment certains traits de caractère peuvent mener à des carrières spécifiques.

Après mûre réflexion, j’ai décidé de poursuivre une carrière dans l’urbanisme. J’ai même soumis une demande de maîtrise, mais j’ai reçu des conseils inattendus de la part de mon conseiller. Il m’a mis en garde contre les frustrations inhérentes à l’urbanisme, où les visions idéalistes se heurtent souvent aux réalités bureaucratiques. Il m’a plutôt suggéré d’envisager un parcours en santé communautaire, soulignant mon intérêt pour les enjeux de santé urbaine.

Suivant son conseil, je me suis inscrit à un programme de maîtrise en santé communautaire et épidémiologie à l’université Queen’s. Bien que la trajectoire typique mène normalement à un doctorat et à une carrière dans la recherche, je me suis senti attiré par un travail plus pratico-pratique. Après avoir obtenu mon diplôme, je suis passé à la recherche clinique en médecine familiale, où mes collègues m’ont encouragé à envisager des études de médecine.

Avec une détermination nouvelle, j’ai posé ma candidature à des écoles de médecine, et ce, malgré les difficultés que présentait mon parcours non conventionnel. Après avoir essuyé les refus des facultés de médecine de l’Ontario, j’ai été accepté dans un programme de l’État de New York, où j’ai commencé mes études de médecine en août 2001, quelques semaines avant le 11 septembre.

Les événements du 11 septembre ont profondément marqué notre classe, nous amenant à forger des liens solides au milieu du chaos. Malgré ce début tumultueux, mon séjour à New York a été formateur et m’a permis d’approfondir ma compréhension de l’épidémiologie dans un contexte clinique.

De retour au Canada pour ma résidence au St. Joseph’s Health Centre de Toronto, j’ai acquis une expérience inestimable au service d’une communauté diversifiée dans l’ouest de la ville. Notre clinique accueillait un large éventail de patients, des habitants des quartiers aisés aux nouveaux immigrants, en passant par les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Après ma résidence, mon parcours m’a conduit dans la région du Niagara, en Ontario, où j’ai exercé pendant plusieurs années avant de m’installer à Hamilton. En 2016, j’ai repris mon cabinet actuel, profitant de l’occasion pour servir cette communauté dynamique. Je travaille également à temps partiel avec une organisation qui place des médecins de famille dans des refuges et d’autres organisations qui s’occupent de personnes non logées.

Ma carrière a évolué au fil des ans, guidée par une passion pour l’amélioration de la santé et du bien-être dans le contexte des environnements urbains.

Q : À quel moment avez-vous commencé à utiliser les modules de la FÉMC dans un contexte d’apprentissage en petit groupe?

La participation à un groupe du PGBP (comme on les appelait à l’époque!) était considéré comme une étape essentielle pour les nouveaux praticiens comme moi. Mon programme de résidence considérait que cela faisait partie intégrante du lancement d’une carrière médicale, au même titre que la certification du CMFC, l’obtention d’un permis d’exercice provincial et l’enregistrement auprès de l’ACPM et de la commission des accidents du travail.  

Lorsque j’ai joint un groupe de médecins de famille à St. Catharines, en Ontario, en 2007, j’ai également fait partie de leur groupe du PGBP. Mon partenaire de pratique directe était en fait le facilitateur de notre groupe.

Le groupe a testé des modules pilotes et le facilitateur participait parfois à des tables rondes. Il devait alors collaborer avec l’équipe de rédaction pour développer les cas et le contenu des modules. L’objectif était de s’assurer que les modules abordaient les lacunes pertinentes dans la pratique et transmettaient efficacement les principaux points d’apprentissage aux participants.

Les tables rondes sont une occasion précieuse de favoriser la rétroaction et la discussion en temps réel, ce qui nous permet d’ajuster le contenu du module et de garantir son applicabilité dans différents contextes de pratique. Ce processus nécessite un examen attentif de la documentation existante, des données de sondages antérieurs sur les lacunes de la pratique et des réflexions personnelles sur les expériences cliniques. La participation de membres de partout au Canada permet également d’obtenir une perspective plus globale, compte tenu des variations de pratique entre les différentes provinces.

En fin de compte, ces tables rondes ont pour but de mettre le module sur la bonne voie dès le départ et, espérons-le, de minimiser les révisions significatives à un stade ultérieur du processus!

Q : Comment cette situation a-t-elle influencé votre parcours?

En 2010, notre facilitatrice a été invitée à participer à une table ronde, mais elle n’était pas disponible. Elle a proposé mon nom comme remplaçant et c’est ainsi que mon rôle au sein de la FÉMC s’est intensifié.

Après avoir participé à plusieurs tables rondes, on m’a demandé de rédiger un module, ce que j’ai fait avec succès pour deux ou trois modules. En tant qu’auteur, j’ai fait preuve d’une bonne compréhension du processus et je suis d’avis que ma contribution a été précieuse. Par la suite, on m’a demandé de devenir rédacteur, ce qui mettait à profit mon expérience en épidémiologie pour garantir l’interprétation exacte des résultats des études et la rédaction d’un contenu fondé sur des données probantes.

Outre mon rôle de rédacteur, j’ai également été consultant en médecine fondée sur les preuves. Il s’agissait d’aider les équipes de rédaction à interpréter des études complexes et à clarifier les analyses statistiques. Bien que mon rôle principal ait consisté à réviser les modules, j’ai également fourni des conseils en fonction des besoins et j’ai contribué à affiner le contenu des modules.

Il y a quelques années, l’occasion s’est présentée d’occuper le poste de directeur adjoint du développement des modules. À ce titre, j’ai continué à rédiger des modules, mais j’ai également assumé des responsabilités additionnelles, notamment en participant aux réunions mensuelles et en supervisant certains aspects des opérations de l’organisation. Cette transition a marqué une étape importante dans mon rôle au sein de la FÉMC.

Étant donné la retraite de notre directeur récemment, j’ai assumé davantage de responsabilités au sein de l’organisation. Bien que la transition ait apporté son lot de nouveaux défis, je suis enthousiaste à l’idée de continuer à contribuer à la mission de la FÉMC et à son orientation future.

Q : Comment gère-t-on à la FÉMC les sujets qui évoluent rapidement lorsque vient le temps de développer des modules?

Notre processus de développement de modules s’étend généralement sur une année, de la conception à la publication, les équipes de rédaction étant désignées un an à l’avance et le travail commençant environ neuf mois avant la publication. Compte tenu de ce processus, nous ne sommes pas vraiment équipés pour traiter des sujets qui évoluent rapidement.

Je me souviens souvent d’une déclaration profonde faite par la Dre Jacqui Wakefield lors de l’une de nos réunions. Elle a expliqué que nous ne devions pas être la seule source de FMC à laquelle nos membres ont accès. Bien que notre organisation soit une ressource précieuse, les participants peuvent accéder à l’information à partir de diverses sources, y compris des outils et des revues en ligne. Par conséquent, si un sujet ne correspond pas à notre processus ou à notre produit, il est peu probable que nous développions un module sur ce sujet.

Q : Comment la FÉMC favorise-t-elle le soutien entre collègues dans le cadre de son programme en petit groupe?

J’ai appris au fil du temps que l’impact de notre programme en petits groupes va au-delà de la transmission d’informations. Les participants apprécient l’occasion de s’engager dans des discussions ouvertes avec leurs collègues, ce qui leur permet d’être vulnérables et de partager leurs défis cliniques. Dans le cadre d’un petit groupe, l’accent n’est pas uniquement mis sur la transmission du contenu, mais également sur le processus d’apprentissage et la création d’un environnement favorable à l’échange de connaissances. Les interactions et la camaraderie avec les membres de mon propre groupe me sont très précieuses. Malgré la transition aux réunions virtuelles, ces sessions restent bénéfiques pour relever les défis de la pratique et rester en contact avec les collègues.

Q: Comment envisagez-vous l’avenir de la FÉMC dans la dynamique en constante évolution de l’apprentissage numérique et de la collaboration en équipe ?

Bien que les outils électroniques restent prédominants, l’importance des relations personnelles et des expériences tangibles est de plus en plus appréciée. Au niveau de la direction, nous explorons les moyens de combiner la technologie moderne avec l’attrait intemporel de la connexion personnelle. Il est peut-être possible d’offrir une expérience unique – un mélange de ressources électroniques associé à des discussions de groupe animées. Il s’agit de réimaginer l’apprentissage, de revenir à la connexion humaine au milieu du bruit numérique du monde d’aujourd’hui.