Menu Close

Entretien avec la Dre Sarah Chritchley, « Le pouvoir de la collaboration pour améliorer les soins aux patients ».

Dre Sarah Chritchley assise sur une chaise

La docteure Sarah Chritchley a ouvert son cabinet de médecine familiale à service complet en 2010. Auparavant, elle avait acquis de l’expérience dans de nombreux domaines de la médecine familiale, tels que le travail clinique dans une unité de dialyse, des assistances chirurgicales, le travail d’équipe dans un centre de santé communautaire et les soins épisodiques dans les cliniques sans rendez-vous. Elle comprend les défis auxquels sont confrontés les médecins de famille dans différents contextes et pense que nous devons collaborer pour améliorer le système. Elle accorde une grande importance à la relation patient-médecin qui est unique dans la pratique familiale communautaire à service complet. Par-dessus tout, la Dre Chritchley se plaît dans son rôle de médecin de famille et se sent privilégiée de faire ce travail important. Elle apprécie le soutien de la FEMC et de son groupe.

À quand remonte votre première expérience avec la FEMC?

J’ai découvert la FEMC dans le cadre de mon programme de résidence à Ottawa dans les années 90. Je me suis ensuite jointe à mon premier groupe après ma résidence lorsqu’un de mes amis a suggéré d’en créer un. Il est devenu le facilitateur et le groupe a commencé à se réunir.

La création de ce groupe a été déterminante pour moi. Lorsque l’on débute dans la pratique, on n’est pas très sûr de ses connaissances médicales. Je pense que nous souffrons tous un peu du syndrome de l’imposteur. Nous craignons vraiment de faire une erreur. Tout le monde veut être parfait, mais on n’a pas beaucoup d’expérience. En se joignant à un groupe de pairs, vous pouvez donc faire le point en posant des questions simples : « Que feriez-vous? », « Ai-je fait ce qu’il fallait? », « Qu’aurais-je pu faire d’autre? ». Les groupes constituent un environnement sûr pour poser des questions.

Avez-vous continué de participer aux activités de votre groupe?

J’ai quitté Ottawa en 2001 et lorsque je suis arrivée à Victoria, où je vis maintenant, je savais que je devais faire partie d’un groupe de la FEMC – c’était très important pour moi. J’ai donc décidé de suivre la formation de facilitateur, sachant que cela me permettait de former un groupe. J’ai contacté plusieurs médecins que j’avais récemment rencontrés dans la communauté, et nous avons formé un groupe; et je suis heureuse de dire que ce groupe n’a jamais cessé d’exister depuis – cela fait presque vingt-deux ans maintenant.

C’est intéressant parce que le groupe a évolué au fil des ans. Aujourd’hui, le groupe est très varié : nous avons un médecin qui prend sa retraite, plusieurs médecins en milieu de carrière et un ou deux médecins plus jeunes, car nous essayons d’ajouter des membres chaque fois que nous le pouvons. Mais malgré l’évolution du groupe, la grande majorité des membres sont restés ensemble. C’est assez typique des groupes partout au pays.

Ce qui est formidable, c’est qu’avec le temps, on apprend davantage. Les conversations deviennent encore plus animées; les gens sont plus à l’aise pour révéler ce qu’ils ne savent pas, parce qu’ils se sentent dans un environnement sûr, sans jugement. Il faut apprendre à reconnaître que la médecine est un domaine très difficile et que nous allons tous commettre des erreurs.

Parfois, nous sommes en désaccord parce que notre propre expérience nous a permis de découvrir une autre réalité, mais cela mène à des discussions encore plus profondes. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce sont des personnes en qui vous pouvez avoir confiance – vous les voyez tous les mois pendant de nombreuses années et ce lien est précieux. Pour moi, c’est complètement différent des autres types de FMC. C’est vrai qu’il est agréable d’assister à un congrès et d’obtenir de l’information au compte-gouttes. Mais cette situation-ci offre tellement plus, que ce soit en personne ou virtuellement.

La facilitation est également très gratifiante. Je suis heureuse d’être une ressource pour le groupe, surtout lorsqu’il s’agit de répondre à des questions auxquelles les gens pensent mais qu’ils ne posent pas. J’apprécie également mes interactions avec le personnel de la FEMC qui apporte un soutien important aux groupes. Si vous envoyez par courriel une question sur quelque chose que votre groupe aimerait faire différemment ou des questions sur les modules, un développeur de module ou même un directeur vous répondra immédiatement. Ils répondent rapidement aux questions et aux préoccupations.

Qu’est-ce qui a motivé votre décision de vous joindre au Conseil d’administration de la FEMC?

J’ai vu un avis envoyé à tous les facilitateurs de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Yukon pour demander si l’un d’entre nous était intéressé à faire partie du conseil d’administration. À l’époque, le directeur général de la FEMC était le Dr Tom Elmslie, que j’avais déjà rencontré lorsque j’étais résidente à l’Université d’Ottawa – il était l’un des professeurs de l’université.

J’avoue que le fait d’être membre du conseil d’administration a complètement changé ma façon de voir les choses. Tout d’abord, en tant que facilitateur ou membre d’un groupe, on ne se rend pas compte de la quantité de travail nécessaire à la création de chaque module, du temps qu’il faut pour s’assurer que les données sont exactes. Devenir membre du conseil d’administration m’a permis d’avoir accès aux coulisses, pour ainsi dire.

J’ai constaté que non seulement l’information est fondée sur des données probantes, mais que la manière de fournir l’information aux médecins l’est également. Des recherches sont menées pour déterminer la meilleure façon d’aider les médecins de famille à assimiler ces informations et à les appliquer dans leur pratique. Ces recherches se poursuivent en permanence.

J’ai également été fascinée par l’histoire de l’organisation. Le fait qu’au début, aucun médecin de famille ne se réunissait – cette approche et cette méthodologie de la FEMC étaient révolutionnaires. Les premières réunions ont eu lieu dans un sous-sol, puis, petit à petit, des modules ont été créés et le nombre de membres est passé de l’échelon local à l’échelon national, avec très peu de ressources, mais beaucoup de passion.

Et puis, il y a le personnel exceptionnel de la FEMC qui est tellement investi dans ce qu’il fait. Je pense que le fait que des membres du personnel fassent partie de l’organisation depuis vingt ou trente ans, dans certains cas, en dit long. Il en va de même pour les membres de longue date du programme.

Il s’agit d’un groupe dynamique composé de personnes d’âges différents, avec de nombreuses années d’expérience et d’antécédents. Jacquie Wakefield est toujours activement impliquée. Jacquie est l’une des personnes qui a contribué à la création de l’organisation.

La FEMC soutient également des stagiaires de McMaster, dont plusieurs deviennent membres du personnel. Cette approche est merveilleuse pour les jeunes membres de l’organisation, car elle leur permet de prendre pied dans l’industrie et d’y apporter une contribution significative. Elle permet également à la FEMC de s’engager sur la voie d’une plus grande diversité, sous toutes ses facettes.

Si quelqu’un lit cet article, par exemple un étudiant en résidence ou un médecin qui en est à ses premières années de pratique, que lui diriez-vous à propos de la FEMC?

Je les encouragerais à se joindre à un groupe dès qu’ils le peuvent, à s’impliquer autant que possible et à essayer de rester dans le groupe tout au long de leur parcours de médecin. Votre groupe évolue avec vous. Les participants s’engagent à se réunir tous les mois, quoi qu’il arrive. Et c’est irremplaçable pour votre évolution dans les soins médicaux.

Si un membre du groupe a un cas vraiment intéressant ou difficile, il a hâte de le partager afin d’obtenir une rétroaction et un autre point de vue. Les leçons que les membres vous enseignent d’après ce qu’ils ont vécu sont très importantes et extrêmement mémorables. On veut aussi humaniser le patient, parler non seulement de la maladie, mais aussi de la personne qui en souffre. Le fait de se réunir avec son groupe de la FEMC et de dire : « Voilà les impacts que je vois sur le patient et sa famille », c’est très fort.

Je pense que le parcours de chaque membre au sein de son groupe est différent. Mais c’est notre besoin collectif de collaborer pour améliorer le système, pour mieux servir nos patients, qui nous pousse à continuer à apprendre. Comme le dit toujours mon père (oncologue à la retraite), « les patients sont nos meilleurs professeurs ».