La Dre Shelley Howk est médecin de famille et exerce à plein temps depuis 25 ans. Elle est ensuite passée à la régulation médicale à plein temps à l’ACSP pendant plus de 6 ans. Tout au long de sa carrière, elle s’est impliquée avec passion dans la FMC, l’enseignement clinique et le mentorat des étudiants, des assistants, des résidents et des collègues à tous les stades et à toutes les phases de leur développement professionnel. La Dre Howk est actuellement active dans les départements FMPD et FMC/DP de la Faculté de médecine Cummings, ainsi que dans le soutien aux médecins éducateurs dans le cadre du programme ACTT Physician Leads de l’Alberta Medical Association.
Q: Discutons un peu de votre rôle de formatrice de facilitateurs de résidents. Comment avez-vous entendu parler de la FÉMC et comment votre rôle a-t-il évolué?
J’ai passé 25 ans en pratique clinique et j’ai commencé à enseigner aux étudiants et aux résidents en 1999, en me concentrant principalement sur l’enseignement clinique. Il y a une douzaine d’années, j’ai suivi une formation de facilitateur de petits groupes pour les résidents, qui a évolué vers un rôle de coordonnatrice à la Faculté de médecine Cumming de l’université de Calgary. Ce rôle consiste à sélectionner des modules et à former les futurs facilitateurs, y compris les résidents de première année, afin qu’ils encadrent les étudiants de deuxième année dans le cadre d’un modèle d’apprentissage par les pairs. Des membres du corps enseignant assistent également à ces sessions, aidant les résidents à développer des compétences de facilitation pour leurs futures pratiques.
Je crois que nous ne réalisons souvent pas ce que nous ne savons pas, et l’isolement en médecine peut exacerber ce problème. Malgré les progrès des technologies de communication, les médecins travaillent souvent en vase clos, ce qui limite les possibilités d’apprentissage en collaboration. Cet isolement accroît la difficulté d’identifier les lacunes en matière de connaissances sans craindre d’être jugé.
Lors de mon mandat au College of Physicians and Surgeons of Alberta, j’ai vu comment les environnements d’apprentissage façonnaient la capacité des médecins à absorber de nouvelles informations. Si l’enseignement est perçu comme punitif, les participants sont davantage sur la défensive, ce qui rend l’apprentissage difficile. Cela s’applique à tout le monde, des étudiants de première année aux praticiens chevronnés. Un environnement qui encourage la curiosité et la discussion ouverte est donc essentiel.
Q: Quels sont les défis que les résidents doivent relever lorsqu’ils avouent leur incertitude, et comment cette situation est-elle gérée durant votre formation?
En discutant avec des médecins de famille, j’ai observé que les contextes d’apprentissage en groupe sans jugement leur permettent d’admettre leur incertitude, de discuter de leurs erreurs et de peaufiner leurs approches. Cependant, de nombreux résidents sont issus d’une culture de faculté de médecine qui privilégie la certitude, ce qui les empêche de changer leur état d’esprit. La résidence exige toujours de réussir les examens et de répondre aux attentes des rotations, ce qui renforce l’idée qu’il est risqué d’admettre l’incertitude. Pourtant, au fur et à mesure qu’ils passent à la pratique, il devient évident que personne ne sait tout, et les médecins en exercice sont confrontés à la même difficulté.
Les résidents peuvent ainsi observer diverses approches sous la direction de différents précepteurs, ce qui les aide à remettre en question les processus et à adapter les meilleures pratiques. Ils sont plus à l’aise avec la technologie et peuvent intégrer de nouvelles stratégies dans leur travail.
Q: Comment le modèle d’apprentissage collaboratif des résidents favorise-t-il la croissance professionnelle continue?
La formation médicale prévoit une rétroaction structurée, mais dans la pratique, cette rétroaction peut disparaître. Au début, cela peut sembler un soulagement, mais au fil du temps, l’absence d’évaluation structurée peut constituer un défi. Les médecins doivent rechercher activement des occasions d’apprentissage et des communautés de soutien. Le modèle d’apprentissage par les résidents pairs favorise cet état d’esprit dès le début, créant ainsi les fondements d’un apprentissage et d’une collaboration tout au long de la vie. Ce sentiment d’appartenance à une communauté est essentiel pour éviter l’isolement et assurer une croissance professionnelle continue.
Chaque mois, les résidents participent à environ une session, comme c’est le cas dans de nombreuses communautés de pratique. Nous nous efforçons de maintenir des groupes homogènes d’un mois à l’autre, créant ainsi un environnement d’apprentissage collaboratif idéal, même s’il y a parfois des problèmes d’horaire.
Même si les résidents n’appliquent pas immédiatement leurs compétences, j’insiste auprès des nouveaux facilitateurs – qui peuvent également être des enseignants – sur le fait que cette formation est un point de départ. Ils auront l’occasion de rencontrer mensuellement leurs collègues résidents au cours de l’année suivante pour mettre en pratique leurs compétences en matière de facilitation, qu’ils pourront, je l’espère, utiliser dans leurs futures communautés de pratique. Il est essentiel qu’ils comprennent la distinction entre la facilitation et l’enseignement. La facilitation consiste à apprendre ensemble, tandis que l’enseignement implique la transmission de connaissances d’une personne à une autre. Notre objectif est de reconnaître que nous avons tous des lacunes en matière de connaissances et d’explorer ces lacunes en collaboration
Q: En quoi consiste la formation d’un facilitateur au sujet, surtout pour ceux qui ne sont pas familiers avec le concept de groupe?
Nos modules sont structurés de manière à fournir des exemples spécifiques, mais les facilitateurs peuvent adapter les cas aux sujets de discussion. Chaque module comprend des exemples de cas, des points d’information, des ressources et des questions qui incitent à la réflexion afin de guider le groupe dans ses discussions plutôt que de chercher les « bonnes » réponses. Pendant la formation, je mets l’accent sur l’éducation et le processus d’apprentissage, en insistant sur la raison pour laquelle nous travaillons en petits groupes plutôt que sous forme de cours traditionnels.
Je facilite les discussions sur la manière dont nous apprenons, en encourageant les participants à partager leurs expériences et à identifier les obstacles à l’apprentissage. Les médecins assistent souvent à des conférences en fonction des lacunes qu’ils perçoivent dans leurs connaissances, mais l’autosélection peut les amener parfois à rater des occasions de croissance. Cela renforce la nécessité d’un environnement sûr où les résidents peuvent partager leurs erreurs et apprendre les uns des autres.
Je choisis généralement des modules qui mettent les résidents au défi ou qui leur permettent de sortir de leur zone de confort, afin qu’ils abordent des sujets moins familiers. La deuxième partie de la formation permet aux participants de jouer le rôle de facilitateur, en guidant une discussion de groupe fictive. Nous explorons les défis, tels que la gestion des participants dominants et la création d’une atmosphère sécurisante et favorisant les échanges.
Après la facilitation fictive, nous récapitulons, ce qui permet aux participants de réfléchir à leurs expériences. Je leur donne une rétroaction constructive, en soulignant leurs progrès. Nous discutons également de la facilitation en personne ou virtuelle, en identifiant les défis uniques que chaque format présente.
Q: Que pensez-vous de la dynamique entre les résidents plus jeunes et les collègues plus chevronnés durant les discussions?
Les facilitateurs sont souvent confrontés à des différences d’âge et de champ de pratique dans les groupes communautaires, les résidents les plus jeunes menant les discussions avec des collègues plus âgés. Cependant, je pense que cela peut être un avantage. Chaque participant apporte des connaissances et des expériences uniques, ce qui favorise un environnement d’apprentissage riche. J’encourage les résidents à tirer parti de ces divers points de vue, en insistant sur le fait que l’apprentissage est une voie à double sens.
L’objectif est de créer un environnement d’apprentissage sûr et efficace où tous les participants se sentent valorisés. Si les participants ne se sentent pas à l’aise, ils manquent l’occasion de contribuer et de bénéficier des connaissances des autres. Il est essentiel de trouver un groupe où chacun se sente à l’aise pour favoriser des discussions fructueuses et un apprentissage partagé.
Q: Souhaitez-vous ajouter autre chose au sujet du programme ou de vos expériences?
Je pense que ce modèle est unique et efficace pour le développement professionnel continu des médecins. Il offre un environnement structuré qui permet aux participants de garder leur apprentissage sur la bonne voie. Les modules sont continuellement mis à jour, ce qui aide les participants à obtenir les données les plus récentes.

Cette approche se distingue par l’accent mis sur la discussion autour du contenu du module, qui élève l’expérience d’apprentissage au-delà de la simple mémorisation. Le fait d’entendre des collègues parler d’expériences réelles favorise une compréhension plus profonde et une meilleure rétention des connaissances. Ces conversations créent des impressions durables, permettant à des idées importantes de refaire surface lorsque l’on est confronté à des cas de patients similaires.
En partageant leurs expériences et en discutant des défis à relever, les participants peuvent mieux se souvenir des informations précieuses et les appliquer dans la pratique. Ce modèle permet non seulement d’améliorer l’apprentissage, mais aussi de créer une communauté de soutien entre les médecins, ce qui, en fin de compte, améliore les soins aux patients.