Le Dr Upender (Upe) Mehan est médecin de famille depuis près de 35 ans. Il a commencé à exercer à Cambridge avant de joindre le Centre for Family Residence de Kitchener, où il pratique encore aujourd’hui. Le Dr Mehan a toujours reconnu les avantages du Programme d’apprentissage basé sur la pratique (PABP) de la Fondation pour l’éducation médicale continue (FÉMC), en particulier en ce qui concerne la formation des résidents. Il s’est consacré à promouvoir la valeur de la participation active et de la réflexion, en favorisant les aptitudes à identifier les lacunes en matière de connaissances et à appliquer les connaissances pratiques, une approche qui s’avère bénéfique dans l’ensemble du domaine médical.
Q : Pouvez-vous décrire votre parcours professionnel en tant que médecin de famille, y compris votre implication dans le Programme d’apprentissage basé sur la pratique (PABP) et son impact sur votre pratique et votre développement professionnel?
Je suis médecin de famille depuis près de 35 ans et j’ai commencé à exercer en 1988 à Cambridge. Au départ, je faisais partie d’un petit groupe de quatre membres, au sein d’un groupe d’appel d’environ 10 à 12 médecins. Après avoir exercé à Cambridge pendant 22 ans, je me suis joint, en 2010, au Center for Family Medicine de Kitchener, un programme de résidence en médecine familiale affilié à l’Université McMaster. Notre sommes une équipe universitaire de santé familiale qui s’occupe principalement de la formation des résidents en médecine familiale et, à l’occasion, des étudiants en médecine. Je fais partie de ce programme depuis 14 ans.
J’ai commencé à m’intéresser au PABP au début de ma carrière. En fait, je crois que le groupe que j’ai créé à Cambridge était l’un des groupes fondateurs du programme. Je suis peut-être l’un des seuls membres fondateurs qui exerce encore. Un autre médecin de mon groupe actuel, qui a pris sa retraite il y a plusieurs années, se joint encore à nous dans le cadre du PABP, mais je suis le dernier praticien actif du groupe initial.
Faire partie de l’un des groupes fondateurs du PABP est encore aujourd’hui un moment marquant pour moi. Lorsque j’ai rejoint le cabinet de Cambridge, j’ai pris la relève d’un médecin qui est revenu plus tard et qui a instauré la participation de notre groupe au PABP. Après son départ, j’ai assumé au fil du temps le rôle de facilitateur avant de devenir formateur de facilitateurs. Dans le cadre du programme de résidence, j’ai animé de nombreuses sessions destinées aux résidents et j’ai formé de nouveaux facilitateurs afin d’étendre la portée du programme.
L’un des avantages de faire partie d’un groupe du PABP en dehors de mon travail de tous les jours, c’est le fait d’être exposé à des ressources et des perspectives différentes. En collaborant avec des médecins d’autres cliniques, j’élargis mes connaissances et mon approche à l’égard des soins aux patients. Cette diversité d’expériences et de ressources enrichit nos discussions et renforce notre capacité à fournir des soins de qualité.
Q : En quoi l’engagement des résidents et des membres de la communauté diffère-t-il dans les sessions du PABP, et comment transmettez-vous la véritable valeur du programme aux résidents?
Je me souviens qu’au début, les résidents tenaient des sessions une semaine sur deux. Lorsque nous avons commencé, les résidents formaient généralement des groupes de huit à dix personnes, parfois divisés en deux groupes en raison du nombre élevé de participants. Le programme fonctionne plus efficacement avec des groupes plus petits, car ils facilitent la participation de tous et la gestion des discussions par le facilitateur.
Au fil du temps, j’ai remarqué des différences significatives entre le déroulement des sessions avec les résidents et celles avec la communauté. Les résidents abordent souvent le programme comme s’il s’agissait seulement d’une autre exigence de leur programme universitaire, et se concentrnt sur les sections informatives plutôt que sur les discussions pratiques. En revanche, les membres de la communauté apportent diverses expériences pratiques, ce qui enrichit le processus de discussion et d’apprentissage.
Les résidents, en particulier ceux nouvellement diplômés, peuvent ne pas s’identifier à tous les cas, car ils manquent d’expérience pratique. Ils ont tendance à considérer les modules comme des sessions didactiques plutôt que comme des outils d’apprentissage interactif. Mon objectif était de transmettre la véritable valeur du PABP à travers mon expérience en tant que facilitateur et membre du groupe. J’ai insisté sur le fait que la clé du programme n’est pas de lire à l’avance les commentaires de cas, mais de tirer activement profit du matériel pendant les sessions.
J’ai souligné l’importance de la section d’introduction, qui explique les lacunes en matière de soins pratiques qui ont mené à la création du module. Comprendre cela permet de cadrer la discussion et de la rendre plus pertinente et plus pratique. J’ai également souligné que l’objectif n’était pas de précipiter l’étude de tous les cas dans le temps imparti, mais de se concentrer sur des discussions significatives. Il n’était pas nécessaire d’aborder tous les cas, car l’objectif principal était la qualité de la discussion, et non la quantité de cas couverts.
Un autre aspect crucial sur lequel j’ai insisté est la réflexion. De nombreux apprenants ont tendance à survoler les évaluations ou les questions de réflexion sans y réfléchir en profondeur. J’ai encouragé les résidents à réfléchir véritablement à ce qu’ils ont appris, à ce qui les a surpris et à la manière dont ils pourraient appliquer les nouvelles connaissances dans la pratique. Cette réflexion est essentielle pour un véritable apprentissage et un développement professionnel.
Q : En quoi les modules du PABP sont-ils utiles aux résidents?
Les modules du PABP sont très précieux pour se préparer aux examens, car ils sont actuels et fondés sur des données probantes. Ils sont aussi en fonction du contexte canadien, ce qui est crucial car de nombreux résidents s’appuient sur des ressources américaines comme UpToDate qui ne sont pas tout à fait adaptées au contexte canadien. Les modules du PABP fournissent des informations pratiques et applicables localement.
Souvent, les résidents s’inscrivent au programme avec l’idée de réussir leurs examens et d’impressionner les directeurs de résidence, mais grâce au PABP, ils apprennent que les discussions et les processus de réflexion sont plus importants que le simple fait d’avoir les bonnes réponses.
Avec les années, j’ai observé que la réflexion des résidents évoluait. Ils sont devenus plus à l’aise avec le fait de ne pas tout savoir d’emblée et plus enclins à prendre part aux discussions, à réfléchir à leurs lacunes en matière de connaissances et à chercher à les combler de manière réfléchie. Ce changement était particulièrement évident au fur et à mesure de leur résidence.
Q : Comment les anciens résidents ont-ils continué à participer au PABP après leur résidence, et pourquoi les principes du programme sont utiles dans les différents domaines médicaux?
De nombreux résidents ont continué à participer au PABP après avoir terminé leur résidence, en rejoignant des groupes communautaires ou en créant leur propre groupe. Certains sont même devenus facilitateurs, contribuant ainsi au programme. Par exemple, l’un de mes anciens résidents, aujourd’hui un collègue avec qui je partage ma pratique, fait toujours partie de notre groupe du PABP et continue de profiter des diverses perspectives du programme.
Souvent, les résidents en médecine familiale délaissent la pratique familiale traditionnelle au profit d’autres spécialités comme la médecine d’urgence ou les soins palliatifs. Même si le PABP est axé sur la médecine familiale, ses principes d’identification et de traitement des lacunes en matière de connaissances, d’apprentissage par la discussion et d’application des connaissances dans la pratique sont valables dans tous les domaines médicaux.
Pour les nouveaux facilitateurs, j’insiste sur le fait que le PABP offre une formation médicale continue efficace et de grande qualité. Le programme consolide les informations actuelles et fondées sur des preuves dans des modules gérables, ce qui en fait une alternative pratique à des ressources plus complètes mais moins pertinentes comme UpToDate. La structure ponctuelle des modules et les annexes pratiques, y compris les conseils de discussion, améliorent l’expérience d’apprentissage et aident les médecins à communiquer efficacement avec les patients.
Q : Comment les modules vous aident-ils à identifier et à combler les lacunes en matière de connaissances dans votre pratique médicale, et comment ce processus évolue-t-il au fur et à mesure que vous passez de la première à la deuxième année?
À première vue, cela peut sembler être un tas d’informations à assimiler, mais croyez-moi, c’est bien plus que cela. Ce que les modules vous apprennent réellement, c’est d’identifier les lacunes en matière de connaissances. Quel que soit le domaine médical dans lequel vous vous dirigez, vous aurez toujours des lacunes sur le plan des connaissances. Ce processus vous aide à reconnaître ces lacunes, quel que soit le domaine dans lequel vous choisissez de vous concentrer.
Même si vous n’utilisez pas ces modules spécifiques à tous les jours, les compétences qu’ils vous permettent d’acquérir sont inestimables. Vous apprendrez à rassembler les informations dont vous avez besoin pour combler les lacunes que vous avez identifiées et, surtout, à communiquer ces informations à vos patients. Il s’agit d’une partie cruciale du parcours d’apprentissage.
Lorsque vous passerez de la première à la deuxième année, vous remarquerez un changement dans votre façon de penser. Il ne s’agit plus seulement de connaître les informations, mais de comprendre leur pertinence pour chaque cas particulier. Par exemple, avec un patient atteint de la maladie de Crohn, il ne s’agit pas seulement de cocher une liste de symptômes, de tests et de traitements. Chaque patient est différent et vous apprendrez à adapter vos soins à chaque situation.
Ces modules vous aident donc essentiellement à appliquer ce que vous avez appris à des scénarios de la vie réelle. Vous recueillez les informations, comprenez leur pertinence pour le patient spécifique que vous avez devant vous et utilisez ensuite ces connaissances pour gérer efficacement ses soins. Le PABP enseigne l’importance de la réflexion, de la discussion et de l’application des connaissances. Il transforme la façon dont les médecins abordent l’apprentissage et les soins aux patients, en favorisant un développement professionnel continu.