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« Habilitation des soins primaires : Dre Carol Geller sur l’apprentissage collaboratif, le développement de modules dans le monde réel et le soutien aux nouveaux praticiens », entretien avec la Dre Carol Geller, auteur de module

La Dre Carol Geller, médecin de famille au Centre de santé communautaire Centertown, au centre-ville d’Ottawa, depuis 1999, a terminé ses études de médecine à l’université de Toronto et a reçu une formation en médecine familiale à Ottawa. Elle se consacre aux populations du centre-ville, en particulier aux nouveaux arrivants et aux personnes confrontées à des problèmes de santé mentale et de toxicomanie. La Dre Geller a récemment terminé son mandat à l’Université d’Ottawa, où elle a codirigé le programme de préceptorat communautaire et s’est occupée des apprenants en difficulté. Elle préside maintenant le Canadian National PGME Remediation Leads Collaboration, fusionnant sa passion pour l’éducation médicale avec son enthousiasme pour la crème glacée.

Q: Comment le fait d’avoir participé à un petit groupe au début des années 2000 a-t-il mené à votre engagement en tant qu’auteure pour la FÉMC?

Tout a commencé lorsqu’un de mes collègues, résident un an après moi, a eu besoin de quelqu’un pour participer à son petit groupe après le départ d’un autre membre, et il a pensé que je ferais l’affaire – je me suis donc jointe au groupe, et maintenant, plus de 22 ans plus tard, nous sommes toujours le même groupe avec les mêmes membres.

Parallèlement, notre facilitateur a mentionné que la FÉMC était à la recherche d’auteurs. J’ai trouvé cela intéressant et j’ai offert mes services. En 2009, lorsque j’ai commencé, j’étais probablement le premier nouvel auteur depuis longtemps. J’ai appris par essais et erreurs, avec le soutien d’un autre auteur plus chevronné.

Au départ, j’hésitais beaucoup à participer aux révisions. Mais au fil des ans, avec les encouragements du personnel de la FÉMC, j’ai appris à faire des révisions et à contribuer avec plus de clarté. Grâce à leur formation et à leur soutien, j’ai acquis de solides compétences en matière de rédaction. J’apprécie qu’ils valorisent l’expertise de chacun et j’ai perpétué la tradition en recommandant des personnes talentueuses de mon réseau. Par exemple, j’ai recruté un pharmacien avec qui je travaille à Ottawa pour qu’il participe à la rédaction d’un module, et il fait maintenant partie de l’équipe.

Avec le recul, j’apprécie l’évolution du programme et la façon dont il valorise les nouvelles perspectives.

Q: Comment le processus évolutif et collaboratif de développement des modules, en particulier pour votre module actuel sur l’hépatite C, a-t-il amélioré votre pratique et renforcé le soutien que vous apportez à vos collègues ?

Le processus de développement des modules a considérablement évolué, ce qui en fait une expérience solide et collaborative. Je travaille actuellement sur un module consacré à l’hépatite C et je suis stupéfaite par l’ampleur du travail préparatoire nécessaire. Cette phase comprend l’identification des lacunes en matière de connaissances, la compréhension des besoins des participants et l’élaboration du contenu à partir de la documentation sur les soins primaires, que je respecte vraiment. Une fois les objectifs fixés, je travaille à la création d’études de cas réels et dépersonnalisés, en veillant à ce qu’ils correspondent bien aux besoins des participants. La rétroaction confirme souvent que les gens reconnaissent la pertinence des cas, ce qui renforce leur impact.

Le processus de révision en table ronde est complet et structuré, avec des questions ciblées et une rétroaction détaillée qui permettent de peaufiner le contenu du module. Après la table ronde, nous évaluons si des annexes supplémentaires, telles que des documents destinés aux patients ou des outils de DME, seraient utiles. Wendy Leadbetter, Coordonnatrice de développement de module, rédige une ébauche et offre des conseils sur les points clés, et nous faisons appel à des experts pour approfondir le contenu au besoin. Cette approche collaborative évolue continuellement, ce qui enrichit chaque module.

J’adore participer à ce processus; il me permet d’approfondir des questions directement liées à ma pratique, et l’expérience renforce ma capacité à aider mes collègues. Dans ma clinique, on m’appelle même la « dame du module » parce que je dis souvent que j’ai un « module » fin prêt lorsqu’on me pose une question clinique. Bref, ce travail est gratifiant et je suis fière de contribuer à quelque chose qui, je l’espère, aura un impact réel auprès de mes collègues cliniciens.

Q: Comment le développement du module sur l’hypercholestérolémie pour la prévention primaire, ainsi que du module sur les saignements en début de grossesse, vous a-t-il permis de répondre aux besoins pratiques des médecins de famille, et comment cette approche axée sur le monde réel a-t-elle influencé votre approche pédagogique?

J’ai tout particulièrement aimé travailler sur le module sur l’hypercholestérolémie, surtout pour la prévention primaire. J’enseigne beaucoup, en particulier aux étudiants en médecine et aux résidents en médecine familiale. L’un des défis récurrents est la dépendance excessive à l’égard des lignes directrices des soins tertiaires, telles que celles de la Société canadienne de cardiologie, qui sont intenses et se concentrent sur des cibles spécifiques et des tests sanguins fréquents. La rédaction de ce module m’a semblé incroyablement stimulante, fondée sur des soins pratiques et concrets, et axée sur ce qui influe réellement sur les résultats cliniques plutôt que sur des repères de laboratoire.

Cette approche m’interpelle encore aujourd’hui, et je rappelle souvent à mes collègues qu’en matière de prévention primaire, nous devrions donner la priorité aux doses cibles de médicaments plutôt que de chercher à atteindre des objectifs de concentration sanguine. Un autre projet mémorable a été le module sur les saignements en début de grossesse, que j’ai co-écrit avec mon résident l’année dernière. Ce sujet a soulevé tellement de questions pratiques, comme le moment de faire des analyses de sang, des échographies ou d’évaluer le groupe sanguin pour d’éventuelles injections. J’ai bien aimé le fait que ce module donne des réponses concrètes à des questions auxquelles nous sommes fréquemment confrontés en médecine familiale et qu’il aide à simplifier des informations parfois contradictoires. L’expérience de collaboration avec mon résident a enrichi le processus, en ajoutant de la profondeur et en s’assurant que nous répondions à des besoins cliniques réels.

Q: Comment le soutien mutuel et la diversité au sein de votre petit groupe, combinés à la confiance et à la vulnérabilité, vous ont-ils aidé à évoluer en tant que médecin de famille? Comment cet environnement a-t-il favorisé la fierté des soins primaires pour vous et vos stagiaires?

Les avantages de mon petit groupe sont incroyablement précieux, en particulier pour établir un sentiment de « normalité ». Les médecins de famille, bien que souvent à l’aise avec l’incertitude et la vulnérabilité, restent des médecins – nous pouvons être durs avec nous-mêmes lorsque les choses ne se passent pas comme prévu ou lorsque nous pensons que nous « aurions dû mieux savoir ». Dans mon groupe, une base de confiance, de sécurité et de soutien mutuel nous permet d’évoquer les cas où nous n’étions pas sûrs de nous ou où les résultats n’étaient pas idéaux et de discuter ouvertement de ce que chacun d’entre nous aurait pu faire différemment. Cet environnement de soutien nous aide à développer nos connaissances et notre confiance.

Notre groupe s’est réuni durant toutes sortes d’événements de la vie – mariages, enfants, problèmes de santé, et même la COVID, et nos conversations se sont naturellement étendues à la gestion des complexités du monde réel, à l’instar de toutes les exigences d’adaptation du travail pendant la COVID. Au-delà des discussions professionnelles, cette camaraderie a apporté beaucoup de soutien et de perspectives personnelles, les membres offrant des points de vue uniques : un membre ayant une expérience rurale, un autre en réadaptation gériatrique, un expert en hépatite C/VIH et en médecine de rue, un spécialiste de la santé mentale et un urgentologue en milieu rural. Cette diversité approfondit nos discussions et renforce notre pratique.

Un autre avantage significatif a été de favoriser la fierté que nous avons pour la médecine familiale et notre expertise. Nous nous encourageons mutuellement – et nous encourageons nos stagiaires – à faire confiance à la pratique et à la documentation en soins primaires et à en être fiers. On est souvent attiré par les directives tertiaires, mais je rappelle à mes résidents qu’ils sont en formation pour devenir des médecins de famille et que l’expertise en soins primaires est inestimable.